2 oct. 2012

Le chakras et le chemin de la réalisation


Le chakras et le chemin de la réalisation, par Tales Nunes, traduit par Gabriela Nanni

Dans cet article l’on propose une approche différente de la vision des chakras et sa signification de réalisation personnel. L’idée ici n’est de présenter les chakras, mais de penser à la proposition du Tantra comme au-dèla du symbolique, dans une pratique de vie qui englobe la méditation, les valeurs, la connaissance et la réflexion qui nous conduisent vers la libération. L’on croit que le chemin de l’illumination proposé par la pratique tantrique peut être pensé en tant que symbologie de nos propres trajectoires de vie et de notre quête personnel de l’auto connaissance.  

Selon le Vedanta, indépendamment de la race, nationalité ou croyance, l’être humain poursuit quatre objectifs, qui sont appelles purusarthas : artha (la sécurité), Kama (le plaisir), dharma (l’action juste) et moksa (la liberté). Les deux premiers sont partagés entre tous les êtres vivants. Les deux derniers sont exclusifs de l’être humain. Et ce sont ces derniers qui nous conduisent dans le chemin spirituel. Voyons comme cette quête est signifiée dans le chemin proposé par le Tantra, à travers le symbolisme de chakras.

Muladhara et la sécurité

La première préoccupation de tout être vivant, et cela n’est pas exclusif de l’être humain, est avec la sécurité, dans le sens de préservation de la propre vie. L’on observe que tous les êtres, en réalité tous les organismes vivants, sont dans un mouvement continu et sont guidés dans la préservation de la vie. Chez l’être humain cette volonté de vie se manifeste de deux manières, dans l’instinct naturel de défense de la propre vie – d’où la raison de la peur de la mort - et également dans le désir de devenir éternel. Le Vedanta dit que l’on n’accepte pas d’être inférieur à ce que l’on est vraiment. Comme notre nature fondamentale est éternelle, l’on n’accepte pas l’apparente finitude de la vie. L’on a un désir inné de traverser cette vie et une vague perception de que la naissance n’était pas le commencement. Comme si l’on était dans un point spécifique d’une ligne qui tend vers l’infini, en arrière et en avant.

Toutes nos actions le plus basiques ont pour objectif la préservation de la vie, y compris le désir sexuel. Le premier chakra, muladhara, est le responsable pour l’instinct de survie, pour l’attachement à la matière, pour la peur de la mort – essentiellement la mort de l’ego – et pour la sexualité. Ce chakra est intimement lié à la sédimentation de l’ego. C’est à dire que l’on peut comprendre le premier chakra et les latences qui en découlent comme notre nécessité naturelle de sécurité dans la vie.

Dans notre quête de liberté, il est nécessaire, tôt ou tard, de travailler les émotions et les sentiments liés à ce premier chakra. L’on dit que les tendances du muladhara chakra en déséquilibre sont la possession, l’inertie, la peur, l’attachement, la rigidité, la possessivité, le manque de confiance qui se traduisent en agressivité, car derrière l’agressivité il y a une peur, une fragilité.
Pour atteindre l'auto connaissance, l’on a tous besoin de développer les qualités qui sont associées à ce même chakra, telles que la solidité, la confiance en soi, la relation saine avec la matière, la fermeté de l’ego. Certaines de ces qualités sont citées dans plusieurs textes, y compris dans le Yoga Sutra, comme des qualités nécessaires à celui qui veut atteindre moksa. Dans le chemin de l’auto connaissance  il faut travailler l’attachement, la peur de la mort, il faut questionner ce qui est la mort et pourquoi l’on a peur de l’affronter.

Svadhistana, manipura et le plaisir

Le deuxième chakra est appelé de « la fondation de soi ». Si le premier chakra est en relation avec la sédimentation de l’ego et de la personnalité, celui-ci est lié au début de son expansion. Alors que premier chakra est en relation avec la sexualité, celui-ci est plutôt associé à la sensualité. Une fois que l’on a achevé notre quête de sécurité, selon les Vedas, il est naturel que l’on cherche le plaisir. Plaisir à travers les sens, la sexualité, la sensualité. La « fondation de soi », nom attribué à ce chakra, nous indique la conscience que l’individu a de soi, de son individualité. Avant de questionner l’ego, il est important qu’il soit sédimenté. L’individu se trouve encore centré sur soi. Moi en tant qu’individualité et personnalité. Mais si l’individu reste bloqué à son ego, il cherchera seulement à combler ses désirs personnels.

Pour ce faire, l’individu s’ouvre au monde. Le désir est le moteur de l’action et il veut transformer le monde à sa manière. Dans ce sens, le désir peut être en équilibre ou alors l’individu risque de voir tout et tous comme un moyen pour atteindre sécurité et plaisir. Le désir incontrôlé éveille dans la personne l’envie de contrôler le monde, car ses actions sont centrées sur son propre nombril, lieu qui abrite le manipura chakra, le troisième chakra. Pendant longtemps la personne peut rester prisonnière de son désir de contrôler le monde afin d’obtenir sa sécurité et son plaisir.  Si quelque chose sort du prévu, la personne se fâche, car elle ne peut pas accepter l’idée de ne pas avoir le contrôle du monde extérieur. Pour arriver à ses deux objectifs, à maintes reprises, elle va oublier les valeurs et l’éthique, parce que au-dessus de tous et de tout il se trouve ses propres désirs. Nombreux sont ceux qui restent dans cette quête toute leur vie. Alors on peut dire que la personne, selon le symbolisme de chakras, est bloquée dans son manipura, ou alors qu’elle s’est arrêtée dans sa quête de sécurité et de plaisir.

Si l’on observe les latences mentales liées au svadhistana chakra en déséquilibre il y a distorsion de la sexualité, honte, manque de lumière personnelle, manque de créativité. Alors que pour manipura ce sont des latences telles que l’agressivité, la violence, l’excès, l’autodestruction, l’égoïsme, l’envie de contrôler les autres, l’ambition et la haine.  Toutes ces latences sont en rapport avec sa recherche de sécurité et de plaisir.

En contrepartie, les valeurs liées au svadhistana sont le courage, les réactions positives face aux obstacles, la créativité, la vitalité. Pour manipura, ce sont la maîtrise sur les passions, le bien-être, le pouvoir, la conscience du moi, la quête d’auto connaissance, la confiance. Ce sont là des valeurs et des qualités très proches de celles citées par Krishna dans la Bhagavad Gita et par Patanjali dans le Yoga Sutra, comme étant nécessaires pour l’auto connaissance.
Les valeurs associées aux trois premiers chakras ainsi que leurs latences négatives, conduiront l’individu, tôt ou tard, au questionnement à propos de la sécurité et du plaisir, si le contrôle sur le monde est le seul objectif dans la vie. C’est à partir de là, point crucial  dans la vie de chaque individu, que le troisième objectif devient clair.

Anahata et le Dharma

Cette quête est associée à la reconnaissance de l’importance de valeurs dans nos vies. On cherche tous la paix et la tranquillité dans le cœur. Toutefois, l’on n’est pas nombreux à reconnaître que ces valeurs sont fondamentales pour la préservation de cette paix et de cette tranquillité.
Les actions guidées par les valeurs apportent une tranquillité mentale et une paix au cœur – anahata chakra – qui vaut plus que n’importe quel bien. La personne peut suivre dans sa quête de sécurité et plaisir, mais lorsqu’elle reconnaît l’importance des valeurs, ce sont ces valeurs qui guideront ses actions dans cette quête. C’est comme si le centre d’attention basculait d’elle-même isolément vers elle et l’ensemble, elle reconnaît qu’elle n’est pas seule dans ce monde et sans le monde elle n’existe pas. La personne se rend compte que son désir de sécurité et confort est partagé par nous tous, on est tous dans la même quête. Alors, ce qu’elle désire pour elle est exactement ce qu’elle doit faire pour les autres.

Le pratiquant pense toujours à lui, car il reconnaît la valeur de suivre ce qu’il croit être correcte, mais il se rend compte de quelque chose qui fait toute la différence. L’enseignement de Vedanta affirme que nous sommes la plénitude et le bonheur que l’on cherche en dehors de nous. Lorsque l’on acquis quelque chose que l’on croit faire notre bonheur, ce qui se passe en réalité c’est que ce bonheur se révèle en nous. Alors, quand on aide quelqu’un et cela nous procure une bonne sensation, l’on reconnaît que le bonheur qui dérive de cette action peut certainement ne pas nous apporter un gain matériel, néanmoins, on est comblé de bonheur. Ce simple constat nous aide en effet à comprendre que la plénitude n’est pas liée aux objets ou aux circonstances.

Le dharma est ce qui nous soutient en tant qu’individu, c'est la vérité qui est en nous, qui est existence, conscience et plénitude.  Le dharma est également ce qui soutient les relations personnelles, les valeurs. Dans ce sens, ce tantôt ce qui nous intègre comme individu en nous-mêmes, tantôt ce qui nous intègre en tant qu’individu dans le monde. 
Si l’on dit que le anahata chakra est en déséquilibre c’est parce la personne manque de motivation ou de confiance, elle est rongée par l’angoisse, la solitude, le désespoir, l’ aversion, la séparation. Ces tendances émergent du manque de conscience d’intégration de soi-même et de son milieu. C’est à dire, de la non conscience du dharma.

L’on sait que l’amour, la solidarité, avoir une bonne relation avec la Totalité, la joie, la compréhension, la générosité, la compassion sont des qualités associées à un anahata en équilibre, des valeurs qui nous aident à avoir un mental satisfait avec la personne qui est en nous. Et toutes ces qualités sont liées à la reconnaissance de l’importance des valeurs dans nos vies. Celui-là est un pas important vers l’auto connaissance.

Visuddha et l’alignement des chakras

Dans l’interprétation que l’on propose, l’alignement de chakras peut être pensé comme le propre l’alignement personnel. Comme étant la quête de l’action correcte. Arjuna, qui représente le protecteur du dharma dans la Bhagavad Gita, porte en son nom la noble signification du mot, «aligné, droit ». Être aligné signifié être Arjuna, être engagé avec l’action correcte, avec la rectitude. Ce qui signifie fondamentalement être engagé avec soi-même, penser à sa paix mais sans être égoïste. Lorsque l’on est engagé avec les valeurs universelles, ce n’est pas seulement nos actions, mais nos paroles qui reflètent ces valeurs.

Atteindre cette rectitude fait partie d’un processus de purification intense – visuddha chakra signifié « très purifié » -  de laisser derrière nous ce dont on a plus besoin. Se libérer des croyances personnelles, idées et pressions qui nous conduisent dans la direction contraire de ce que l’on cherche, nous propulsent dans le sens inverse à celui de la reconnaissance de l’intégration et de l’unité, direction à laquelle le chemin de l’auto connaissance se trouve. Ce chakra connecte ce que l’on pense (chakra au-dessus de lui), ce que l’on sent (chakra au-dessous de lui) et ce que l’on exprime (ce chakra lui-même). Viveka (questionnement) et vairagya (détachement) sont essentiels dans ce processus. Plus que jamais il est question de faire attention à notre quotidien. La pratique principale n’est pas de faire avec les yeux fermés ou avec l’attention fixe sur une partie du corps, mais d'avoir pleine conscience dans nos actions quotidiennes. Pour cela il faut questionner afin de se souvenir de ce qui est plus important dans la vie et avoir du détachement afin de simplifier, pour ne pas se perdre dans le chemin, ce sont des qualités fondamentales.

Questionnement et détachement sont nécessaires pour que l’on puisse suivre le chemin de l’auto connaissance. C’est le questionnement qui nous rend capable de réfléchir sur nous-mêmes, de nous accepter et essentiellement de nous voir comme un reflet de nous-mêmes. C’est seulement lorsque l’on est aligné que l’on peut avoir la paix et la tranquillité nécessaires  pour, à travers l’observation et l’écoute, apprendre avec la sagesse qui se manifeste quotidiennement dans la nature et dans les personnes qui nous entourent,  pour comprendre les enseignements qui disent que Moi je suis la plénitude et l’unité que je cherche. Ce chakra est intimement lié à notre capacité d’être en harmonie avec la personne qui est en nous et de nous exprimer correctement, d’écouter avec attention, réceptivité et discernement.

Lorsque visuddha est en déséquilibre l’on est en conflit avec notre propre image, l’on éprouve de la difficulté à exprimer ce que l’on pense et ressent, l’on éprouve de l’avidité, de la déraison, de la négativité. Si l’on observe avec attention on voit que ce sont des comportements typiques des personnes divisés, qui mentent, qui cachent la vérité et qui agissent en désaccord avec les valeurs universelles. L’on croit que cela signifie que l’on doit travailler la rectitude. Ainsi, l’on acquiert les caractéristiques positives de ce chakra : capacité de réflexion, réceptivité à écouter, expression, intuition, compréhension de l’inconscient, et l’on peut utiliser notre énergie pour être ttentifs et ne pas s'égarer du chemin de l’auto connaissance.

Kundalini

Kundalini est l’énergie latente qui est endormie dans la base de la colonne. Elle doit être éveillée pour enfin s’élever jusqu’à au sommet de la tête, traversant chaque chakra et éveillant leurs latences positives jusqu’au dernier, quand il y a lieu l’illumination, la libération.
Notre proposition n’est pas de voir la Kundalini comme une énergie que, lorsqu’elle est éveillée à travers une pratique du corps, s’élève et graduellement me libère des latences mentales négatives de chaque chakra et me permet d’acquérir les latences mentales positives. Cet énergie est ce que l’on appelé tapas. Tapas est exhaustivement mentionné dans les écritures yoguiques comme étant fondamental dans le chemin de l’auto connaissance. C’est la chaleur provoquée par le désir, la discipline, la focalisation sur un objectif. Ici il s’agit du désir de libération, la discipline est l’auto étude et l’objectif final est la reconnaissance de soi.

Ainsi comme une rivière ne coule pas naturellement vers le haut, il nous faut une force pour qu’elle retourne à sa source, tel est l’auto connaissance. L’auto connaissance n’arrive pas de manière naturelle dans la vie. Le naturel, si l’on laisse la rivière couler, est, comme chez les animaux, de chercher seulement la sécurité et le confort. Alors l’on tourne en rond sur les mêmes questionnements mentaux et émotionnels, sans s’élever grâce à la maturité et à la compréhension. L’être humain ne devient pas mature naturellement, fait qui explique pourquoi il y a tant d’adultes, mentalement et émotionnellement enfants. Pour qu’il ait une quête d’auto connaissance, de  maturité personnelle et de liberté, il faut une force.

Cette force est la Kundalini et qui doit être éveillée. Elle est représentée sous la forme d’un spiral. Le spiral, lorsqu’il est vu d’en haut semble à un cercle, mais il ne l’est pas. Il tourne circulairement mais au même temps il monte, en sortant du plan où il se situe. L’auto connaissance et le processus de maturité personnelle sont identiques. Symboliquement, c’est cette force en spiral qui nous permet de s’élever vers notre quête de sécurité, en passant par les deuxième et troisième chakras, qui sont liés à la recherche de plaisir. Arriver au quatrième chakra, qui est associé à l’agir de façon correcte, au dharma, et apporter de la purification, le cinquième chakra. Et finalement la Kundalini atteint les deux derniers, qui représentent notre quête finale du moksa.

Kundalini est l’énergie nécessaire, dans mon quotidien, lorsque je communique avec le monde et lorsque j’agis, pour que ces latences mentales négatives ne me soustrait de ma conscience et de la focalisation de l’objectif que j’ai tracé, qui est le compromis avec l’auto connaissance.

Ajna, sahsrara et la liberté

Le mental a au même temps le pouvoir des nous emprisonner, créant l’illusion de séparation et d’isolement, et de nous libérer. Le mental en soi est asscoié au sixième chakra qui est appelle ajna, « chakra du commande ». C’est lui qui commande les autres chakras. Il est également celui qui nous guide, qui controle le chemin de l’auto connaissance. Lorsque l’on parle de discrimination, compréhension, discernement, l’on parle des capacités associées au mental, à ce chakra.

Lorsque l’individu est en contact avec la connaissance de soi et a développé une compréhension de soi, du fonctionnement de son mental, il a la capacité d’être libre, car il reconnaît qu’il ne se résume pas à sa propre personnalité, aux latences mentales associées à chaque chakra, mais qu’elles font partie de lui. La connaissance de soi, de que l’on est pas seulement le mental qui juge et qui désire le contrôle, mais la Conscience qui l’illumine  et qui est au-dessus de lui, comme sahasrara chakra, qui est au-dessus de toutes les autres chakras.

Lorsque l’on reconnaît cela, on s’établit dans notre vraie nature, qui est divine, indivisble et  intégré. En réalité elle est et l'a toujours été, la séparation n’est qu’une sensation. L’être est libéré, libéré de la sensation de séparation par rapport au monde. Il est toujours connecté à la terre, ancré et il ressent tout ce que les êtres humains ressentent, toutes les latences des chakras: peur, anxiété et haine. Néanmoins, au même temps, il se reconnaît dans la Totalité, comme pure Conscience qui illumine tous les aspects de lui-même, qui est la cause, qui est à la base et au-dessus de toutes les tendances en tant qu’être humain. Liberté ne signifie pas ne pas sentir les tendances de chaque chakra, mais de ne pas s’identifier à elles, les reconnaissant et les intégrant dans leur plénitude et leur richesse.

Le sage ri de soi-même, des autres et des pièges qui le mental met en place pour nous emprisonner. Y compris si le piège consiste à vouloir contrôler les chakras et ne pas ressentir tout ce qui est humain.

Finalement, l’objectif finale du chemin de l’auto connaissance est de devenir ce que l’on a toujours été, divin, humain.

Tales Nunes est professeur de yoga, écrivain et antropologue / www.vidadeyoga.com.br

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire