27 sept. 2012

Yin Yoga, le Yoga de la Compassion



Tension is who you think you should be, relaxation is who you are.
Proverbe chinois

Vivant dans un monde dynamique, on a désappris à se connecter à une dimension de nous-mêmes capable d’éveiller notre pouvoir énergétique et d’auto guérison. La pratique de Yoga nous enseigne à avoir un bon usage de nous-mêmes, de toute notre personne qui fonctionne à travers notre corps.
Ça va faire près dix ans que je pratique le Yoga et plus j’avance dans ma pratique plus je comprends la dimension libératrice de cette discipline.
Je voudrais vous parler de mon parcours en yoga et en particulier de mon expérience avec la pratique de Yin yoga ou « du comment la pratique physique du yoga atteint notre corps subtil et apporte des changements dans notre manière de voir le monde, de se reconnaître, de s’accepter ».
J’ai commencé le Yoga avec l’Ashtanga, pratique dynamique et extrêmement physique qui m’a appris à avoir de la persévérance et de la discipline, m’a rendu plus fort, a accentué mon coté guerrier, nécessaire pour habiter ce monde… mais, hélas, cette pratique m’a beaucoup blessée physiquement au début aussi. Peut-être je n’étais pas assez mature pour comprendre mes limites et, plus encore, je n’ai pas su comprendre les vrais principes intrinsèques contenus dans cette puissante pratique qui est l’Ashtanga. Après quelques années de pratique d’Ashtanga, j’avais l’impression de me battre contre moi-même en voulant réaliser les postures malgré les douleurs physiques, notamment aux genoux et aux épaules. Cela me rendait triste, fatiguée, impuissante, frustrée… Heureusement j’ai eu des professeurs merveilleux qui ont su me motiver, me guider vers une pratique plus consciente de l’Ashtanga et plus respectueuse de moi-même. Ahimsa, la non violence dans tous les sens que ce terme peut représenter.
Comme je parlais de la persévérance, j’ai décidé de faire une formation pour professeurs en Ashtanga Vinyasa Yoga, car cette discipline me passionnait toujours et je voulais devenir enseignante. Je tiens a dire que même si l’Ashtanga était pour moi, dans une premier moment, souffrance physique, cette pratique avait déjà commencé a changer ma vie, ma façon d’affronter les problèmes et mes blessures émotionnelles …
C’est pendant ma formation que j’ai eu contact par la première fois avec le Yin Yoga, grâce à ma professeur Linda Munro, une yogui douce, qui, avec compassion et soin, m’a aidé à surmonter les blocages qui m’empêchait de réaliser les postures. Dans un premier moment  le Yin Yoga m’a passionnée grâce aux bienfaits physiques, notamment l’ouverture du bassin et des épaules qui m’ont permis de réaliser les postures de l’Ashtanga sans souffrance. Je dois dire que les postures de Yin Yoga en soi ne me passionnaient pas spécialement, car elles était le contraire de tout ce que j’avais appris en Yoga, soit manque d’alignement et de grâce, des longues périodes assises sans bouger, manque de confort dans les postures…
Pendant les cours de Mysore le long de ma formation en Ashtanga, une fois que j’avais réalisé la série, je prenais une heure de plus pour réaliser quelques postures de Yin Yoga pour ouvrir mon corps en douceur.
Ce n’est qu’après quelques mois de pratique Yin que je commençais à réaliser que ce n’était pas seulement l’ouverture de mon corps physique que le Yin Yoga m’apportait comme bienfaits… Je commençais à écouter mon corps plus attentivement et il y avait dans cette écoute quelque chose de très subtil, un lâcher prise jamais éprouvé auparavant. Dans un processus inconscient, peu à peu je comprenais que ce manque de confort dans les postures Yin devenait supportable au fur et à mesure que j’acceptais mes restrictions sans lutte, que je laissais exprimer mon corps subtil, que je me mettais à son écoute, sans jugement …Et cela était tellement réconfortant !!
Lorsque j’ai arrête de lutter et que j’ai commencé à me connecter avec ce qui se passait autour de moi, j’ai pu sentir véritablement les sensations du corps et du mental quand elles survenaient. En acceptant ce manque de confort, l’ennui, anxiété, j’ai pu conserver seulement les pensées et les sentiments. J’ai pu alors comprendre la nature impermanente des pensées et des sentiments, sans résistance, et cela m’a apporté une sensation de liberté et de confiance dans la vie.
Un autre aspect du Yin Yoga que me paraissait démotivant au début, c’était le manque d’esthétique des postures. Différemment de versions Yang du Yoga, la pratique Yin n’a rien d’excitant étant donné l’aspect maladroit des postures. Il y a aucun gain esthétique, aucune forme définitive à atteindre, et c’est justement cela que rend cette pratique tellement libératrice. Sans objectif, on peut lâcher prise, rester dans la posture et sentir ce que se passe dans nous à autour de nous. 
Le Yin Yoga m’a aidé à avoir un équilibre entre mon guerrier intérieur, cette partie de nous que nous intègre à ce monde dynamique et nous permet d’y vivre, et mon côté Yin, doux, passif, cette autre partie de nous que nous apprend la patiente, l’acceptation de soi et des épreuves, le lâcher prise dans les situations qu’on ne peut pas maitriser. 
Plus tard, j’ai eu la chance de faire une formation en Yin Yoga avec Biff Mithoefer, une personne extraordinaire, qui m’a apporté des enseignements théoriques précieux sur cette pratique libératrice. Aujourd’hui, en tant que professeur de Yin Yoga,  je peux mieux comprendre les limites des élèves et je peux les guider plus attentivement, respectant ainsi les différences constitutionnelles de chacun.
par Gabriela Nanni




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