Le chakras et le chemin de la réalisation, par Tales Nunes, traduit par Gabriela Nanni
Dans cet article l’on propose une approche différente de
la vision des chakras et sa signification de réalisation personnel. L’idée ici
n’est de présenter les chakras, mais
de penser à la proposition du Tantra comme au-dèla du symbolique, dans une pratique de vie qui englobe la méditation, les valeurs, la connaissance et
la réflexion qui nous conduisent vers la libération. L’on croit que le chemin
de l’illumination proposé par la pratique tantrique peut être pensé en tant que
symbologie de nos propres trajectoires de vie et de notre quête personnel de l’auto
connaissance.
Selon le Vedanta, indépendamment de la race, nationalité
ou croyance, l’être humain poursuit quatre objectifs, qui sont appelles purusarthas : artha (la sécurité), Kama
(le plaisir), dharma (l’action juste)
et moksa (la liberté). Les deux
premiers sont partagés entre tous les êtres vivants. Les deux derniers sont
exclusifs de l’être humain. Et ce sont ces derniers qui nous conduisent dans le
chemin spirituel. Voyons comme cette quête est signifiée dans le chemin proposé
par le Tantra, à travers le symbolisme de chakras.
Muladhara et la sécurité
La première préoccupation de tout être vivant, et cela
n’est pas exclusif de l’être humain, est avec la sécurité, dans le sens de
préservation de la propre vie. L’on observe que tous les êtres, en réalité tous
les organismes vivants, sont dans un mouvement continu et sont guidés dans la
préservation de la vie. Chez l’être humain cette volonté de vie se manifeste de
deux manières, dans l’instinct naturel de défense de la propre vie – d’où la
raison de la peur de la mort - et également dans le désir de devenir éternel.
Le Vedanta dit que l’on n’accepte pas d’être inférieur à ce que l’on est
vraiment. Comme notre nature fondamentale est éternelle, l’on n’accepte pas
l’apparente finitude de la vie. L’on a un désir inné de traverser cette vie et
une vague perception de que la naissance n’était pas le commencement. Comme si
l’on était dans un point spécifique d’une ligne qui tend vers l’infini, en
arrière et en avant.
Toutes nos actions le plus basiques ont pour objectif la
préservation de la vie, y compris le désir sexuel. Le premier chakra, muladhara, est le responsable pour
l’instinct de survie, pour l’attachement à la matière, pour la peur de la mort
– essentiellement la mort de l’ego – et pour la sexualité. Ce chakra est intimement lié à la sédimentation
de l’ego. C’est à dire que l’on peut comprendre le premier chakra et les latences qui en découlent comme notre nécessité
naturelle de sécurité dans la vie.
Dans notre quête de liberté, il est nécessaire, tôt ou
tard, de travailler les émotions et les sentiments liés à ce premier chakra.
L’on dit que les tendances du muladhara
chakra en déséquilibre sont la possession, l’inertie, la peur,
l’attachement, la rigidité, la possessivité, le manque de confiance qui se
traduisent en agressivité, car derrière l’agressivité il y a une peur, une
fragilité.
Pour atteindre l'auto connaissance, l’on a tous besoin de
développer les qualités qui sont associées à ce même chakra, telles que la
solidité, la confiance en soi, la relation saine avec la matière, la fermeté de
l’ego. Certaines de ces qualités sont citées dans plusieurs textes, y compris
dans le Yoga Sutra, comme des qualités
nécessaires à celui qui veut atteindre moksa.
Dans le chemin de l’auto connaissance
il faut travailler l’attachement, la peur de la mort, il faut
questionner ce qui est la mort et pourquoi l’on a peur de l’affronter.
Svadhistana, manipura et le plaisir
Le deuxième chakra est appelé de « la fondation de
soi ». Si le premier chakra est
en relation avec la sédimentation de l’ego et de la personnalité, celui-ci est
lié au début de son expansion. Alors que premier chakra est en relation avec la
sexualité, celui-ci est plutôt associé à la sensualité. Une fois que l’on a
achevé notre quête de sécurité, selon les Vedas,
il est naturel que l’on cherche le plaisir. Plaisir à travers les sens, la
sexualité, la sensualité. La « fondation de soi », nom attribué à ce chakra, nous indique la conscience que
l’individu a de soi, de son individualité. Avant de questionner l’ego, il est
important qu’il soit sédimenté. L’individu se trouve encore centré sur soi. Moi
en tant qu’individualité et personnalité. Mais si l’individu reste bloqué à son
ego, il cherchera seulement à combler ses désirs personnels.
Pour ce faire, l’individu s’ouvre au monde. Le désir est
le moteur de l’action et il veut transformer le monde à sa manière. Dans ce
sens, le désir peut être en équilibre ou alors l’individu risque de voir tout
et tous comme un moyen pour atteindre sécurité et plaisir. Le désir incontrôlé
éveille dans la personne l’envie de contrôler le monde, car ses actions sont
centrées sur son propre nombril, lieu qui abrite le manipura chakra, le
troisième chakra. Pendant longtemps
la personne peut rester prisonnière de son désir de contrôler le monde afin
d’obtenir sa sécurité et son plaisir.
Si quelque chose sort du prévu, la personne se fâche, car elle ne peut
pas accepter l’idée de ne pas avoir le contrôle du monde extérieur. Pour arriver
à ses deux objectifs, à maintes reprises, elle va oublier les valeurs et
l’éthique, parce que au-dessus de tous et de tout il se trouve ses propres désirs.
Nombreux sont ceux qui restent dans cette quête toute leur vie. Alors on peut
dire que la personne, selon le symbolisme de chakras, est bloquée dans son manipura, ou alors qu’elle s’est arrêtée
dans sa quête de sécurité et de plaisir.
Si l’on observe les latences mentales liées au svadhistana chakra en déséquilibre il y
a distorsion de la sexualité, honte, manque de lumière personnelle, manque de
créativité. Alors que pour manipura
ce sont des latences telles que l’agressivité, la violence, l’excès,
l’autodestruction, l’égoïsme, l’envie de contrôler les autres, l’ambition et la
haine. Toutes ces latences sont en
rapport avec sa recherche de sécurité et de plaisir.
En contrepartie, les valeurs liées au svadhistana sont le courage, les
réactions positives face aux obstacles, la créativité, la vitalité. Pour manipura, ce sont la maîtrise sur les
passions, le bien-être, le pouvoir, la conscience du moi, la quête d’auto connaissance,
la confiance. Ce sont là des valeurs et des qualités très proches de celles
citées par Krishna dans la Bhagavad Gita
et par Patanjali dans le Yoga Sutra,
comme étant nécessaires pour l’auto connaissance.
Les valeurs associées aux trois premiers chakras ainsi
que leurs latences négatives, conduiront l’individu, tôt ou tard, au
questionnement à propos de la sécurité et du plaisir, si le contrôle sur le
monde est le seul objectif dans la vie. C’est à partir de là, point
crucial dans la vie de chaque
individu, que le troisième objectif devient clair.
Anahata et le Dharma
Cette quête est associée à la reconnaissance de
l’importance de valeurs dans nos vies. On cherche tous la paix et la
tranquillité dans le cœur. Toutefois, l’on n’est pas nombreux à reconnaître que
ces valeurs sont fondamentales pour la préservation de cette paix et de cette
tranquillité.
Les actions guidées par les valeurs apportent une
tranquillité mentale et une paix au cœur – anahata
chakra – qui vaut plus que n’importe quel bien. La personne peut suivre
dans sa quête de sécurité et plaisir, mais lorsqu’elle reconnaît l’importance
des valeurs, ce sont ces valeurs qui guideront ses actions dans cette quête. C’est comme si le centre d’attention basculait d’elle-même isolément vers
elle et l’ensemble, elle reconnaît qu’elle n’est pas seule dans ce monde et
sans le monde elle n’existe pas. La personne se rend compte que son désir de
sécurité et confort est partagé par nous tous, on est tous dans la même quête.
Alors, ce qu’elle désire pour elle est exactement ce qu’elle doit faire pour
les autres.
Le
pratiquant pense toujours à lui, car il reconnaît la valeur de suivre ce qu’il
croit être correcte, mais il se rend compte de quelque chose qui fait toute la
différence. L’enseignement de Vedanta affirme que nous sommes la plénitude et
le bonheur que l’on cherche en dehors de nous. Lorsque l’on acquis quelque
chose que l’on croit faire notre bonheur, ce qui se passe en réalité c’est que
ce bonheur se révèle en nous. Alors, quand on aide quelqu’un et cela nous
procure une bonne sensation, l’on reconnaît que le bonheur qui dérive de cette
action peut certainement ne pas nous apporter un gain matériel, néanmoins, on est
comblé de bonheur. Ce simple constat nous aide en effet à comprendre que la
plénitude n’est pas liée aux objets ou aux circonstances.
Le dharma est
ce qui nous soutient en tant qu’individu, c'est la vérité qui est en nous, qui
est existence, conscience et plénitude.
Le dharma est également ce qui
soutient les relations personnelles, les valeurs. Dans ce sens, ce tantôt ce
qui nous intègre comme individu en nous-mêmes, tantôt ce qui nous intègre en
tant qu’individu dans le monde.
Si l’on dit que le anahata
chakra est en déséquilibre c’est
parce la personne manque de motivation ou de confiance, elle est rongée par l’angoisse,
la solitude, le désespoir, l’ aversion, la séparation. Ces tendances émergent
du manque de conscience d’intégration de soi-même et de son milieu. C’est à
dire, de la non conscience du dharma.
L’on sait que l’amour, la solidarité, avoir une bonne
relation avec la Totalité, la joie, la compréhension, la générosité, la
compassion sont des qualités associées à un anahata
en équilibre, des valeurs qui nous aident à avoir un mental satisfait avec la
personne qui est en nous. Et toutes ces qualités sont liées à la reconnaissance
de l’importance des valeurs dans nos vies. Celui-là est un pas important vers
l’auto connaissance.
Visuddha et l’alignement des chakras
Dans l’interprétation que l’on propose, l’alignement de chakras peut être pensé comme le propre
l’alignement personnel. Comme étant la quête de l’action correcte. Arjuna, qui
représente le protecteur du dharma
dans la Bhagavad Gita, porte en son
nom la noble signification du mot, «aligné, droit ». Être aligné signifié
être Arjuna, être engagé avec l’action correcte, avec la rectitude. Ce qui
signifie fondamentalement être engagé avec soi-même, penser à sa paix mais sans
être égoïste. Lorsque l’on est engagé avec les valeurs universelles, ce n’est
pas seulement nos actions, mais nos paroles qui reflètent ces valeurs.
Atteindre cette rectitude fait partie d’un processus de
purification intense – visuddha chakra
signifié « très purifié » -
de laisser derrière nous ce dont on a plus besoin. Se libérer des
croyances personnelles, idées et pressions qui nous conduisent dans la
direction contraire de ce que l’on cherche, nous propulsent dans le sens
inverse à celui de la reconnaissance de l’intégration et de l’unité, direction
à laquelle le chemin de l’auto connaissance se trouve. Ce chakra connecte ce que l’on pense (chakra au-dessus de lui), ce que
l’on sent (chakra au-dessous de lui) et ce que l’on exprime (ce chakra
lui-même). Viveka (questionnement) et
vairagya (détachement) sont
essentiels dans ce processus. Plus que jamais il est question de faire
attention à notre quotidien. La pratique principale n’est pas de faire avec les
yeux fermés ou avec l’attention fixe sur une partie du corps, mais d'avoir pleine conscience
dans nos actions quotidiennes. Pour cela il faut questionner afin de se souvenir
de ce qui est plus important dans la vie et avoir du détachement afin de simplifier,
pour ne pas se perdre dans le chemin, ce sont des qualités fondamentales.
Questionnement et détachement sont nécessaires pour que
l’on puisse suivre le chemin de l’auto connaissance. C’est le questionnement
qui nous rend capable de réfléchir sur nous-mêmes, de nous accepter et essentiellement
de nous voir comme un reflet de nous-mêmes. C’est seulement lorsque l’on est
aligné que l’on peut avoir la paix et la tranquillité nécessaires pour, à travers l’observation et l’écoute,
apprendre avec la sagesse qui se manifeste quotidiennement dans la nature et
dans les personnes qui nous entourent, pour comprendre les enseignements qui disent que Moi je suis
la plénitude et l’unité que je cherche. Ce chakra
est intimement lié à notre capacité d’être en harmonie avec la personne qui est
en nous et de nous exprimer correctement, d’écouter avec attention, réceptivité
et discernement.
Lorsque visuddha
est en déséquilibre l’on est en conflit avec notre propre image, l’on éprouve
de la difficulté à exprimer ce que l’on pense et ressent, l’on éprouve de
l’avidité, de la déraison, de la négativité. Si l’on observe avec attention on
voit que ce sont des comportements typiques des personnes divisés, qui mentent,
qui cachent la vérité et qui agissent en désaccord avec les valeurs
universelles. L’on croit que cela signifie que l’on doit travailler la
rectitude. Ainsi, l’on acquiert les caractéristiques positives de ce
chakra : capacité de réflexion, réceptivité à écouter, expression, intuition,
compréhension de l’inconscient, et l’on peut utiliser notre énergie pour être ttentifs et ne pas s'égarer du chemin de l’auto connaissance.
Kundalini
Kundalini est l’énergie latente qui
est endormie dans la base de la colonne. Elle doit être éveillée pour enfin
s’élever jusqu’à au sommet de la tête, traversant chaque chakra et éveillant leurs latences positives jusqu’au dernier,
quand il y a lieu l’illumination, la libération.
Notre proposition n’est pas de voir la Kundalini comme une énergie que,
lorsqu’elle est éveillée à travers une pratique du corps, s’élève et graduellement
me libère des latences mentales négatives de chaque chakra et me permet d’acquérir les latences mentales positives. Cet
énergie est ce que l’on appelé tapas.
Tapas est exhaustivement mentionné
dans les écritures yoguiques comme étant fondamental dans le chemin de l’auto
connaissance. C’est la chaleur provoquée par le désir, la discipline, la
focalisation sur un objectif. Ici il s’agit du désir de libération, la discipline est l’auto étude et
l’objectif final est la reconnaissance de soi.
Ainsi comme une rivière ne coule pas naturellement vers
le haut, il nous faut une force pour qu’elle retourne à sa source, tel est
l’auto connaissance. L’auto connaissance n’arrive pas de manière naturelle dans
la vie. Le naturel, si l’on laisse la rivière couler, est, comme chez les
animaux, de chercher seulement la sécurité et le confort. Alors l’on tourne en
rond sur les mêmes questionnements mentaux et émotionnels, sans s’élever grâce
à la maturité et à la compréhension. L’être humain ne devient pas mature naturellement,
fait qui explique pourquoi il y a tant d’adultes, mentalement et émotionnellement
enfants. Pour qu’il ait une quête d’auto connaissance, de maturité personnelle et de liberté, il
faut une force.
Cette force est la Kundalini
et qui doit être éveillée. Elle est représentée sous la forme d’un spiral. Le
spiral, lorsqu’il est vu d’en haut semble à un cercle, mais il ne l’est pas. Il
tourne circulairement mais au même temps il monte, en sortant du plan où il se
situe. L’auto connaissance et le processus de maturité personnelle sont
identiques. Symboliquement, c’est cette force en spiral qui nous permet de s’élever
vers notre quête de sécurité, en passant par les deuxième et troisième chakras, qui sont liés à la recherche de
plaisir. Arriver au quatrième chakra, qui est associé à l’agir de façon
correcte, au dharma, et apporter de
la purification, le cinquième chakra. Et finalement la Kundalini atteint les deux derniers, qui représentent notre quête
finale du moksa.
Kundalini est l’énergie nécessaire,
dans mon quotidien, lorsque je communique avec le monde et lorsque j’agis, pour
que ces latences mentales négatives ne me soustrait de ma conscience et de la
focalisation de l’objectif que j’ai tracé, qui est le compromis avec l’auto connaissance.
Ajna, sahsrara et la liberté
Le mental a au même temps le pouvoir des nous emprisonner,
créant l’illusion de séparation et d’isolement, et de nous libérer. Le mental
en soi est asscoié au sixième chakra
qui est appelle ajna, « chakra
du commande ». C’est lui qui commande les autres chakras. Il est également celui qui nous guide, qui controle le
chemin de l’auto connaissance. Lorsque l’on parle de discrimination,
compréhension, discernement, l’on parle des capacités associées au mental, à ce
chakra.
Lorsque l’individu est en contact avec la connaissance de
soi et a développé une compréhension de soi, du fonctionnement de son mental,
il a la capacité d’être libre, car il reconnaît qu’il ne se résume pas à sa
propre personnalité, aux latences mentales associées à chaque chakra, mais qu’elles
font partie de lui. La connaissance de soi, de que l’on est pas seulement le
mental qui juge et qui désire le contrôle, mais la Conscience qui
l’illumine et qui est au-dessus de
lui, comme sahasrara chakra, qui est au-dessus de toutes les
autres chakras.
Lorsque l’on reconnaît cela, on s’établit dans notre
vraie nature, qui est divine, indivisble et intégré. En réalité elle est et l'a toujours été, la
séparation n’est qu’une sensation. L’être est libéré, libéré de la sensation de
séparation par rapport au monde. Il est toujours connecté à la terre, ancré et il ressent tout ce que les
êtres humains ressentent, toutes les latences des chakras: peur, anxiété et haine. Néanmoins, au même temps, il se
reconnaît dans la Totalité, comme pure Conscience qui illumine tous les aspects
de lui-même, qui est la cause, qui est à la base et au-dessus de toutes les
tendances en tant qu’être humain. Liberté ne signifie pas ne pas sentir les
tendances de chaque chakra, mais de ne
pas s’identifier à elles, les reconnaissant et les intégrant dans leur
plénitude et leur richesse.
Le sage ri de soi-même, des
autres et des pièges qui le mental met en place pour nous emprisonner. Y
compris si le piège consiste à vouloir contrôler les chakras et ne pas ressentir
tout ce qui est humain.
Finalement, l’objectif finale du chemin de
l’auto connaissance est de devenir ce que l’on a toujours été, divin,
humain.
Tales Nunes est professeur de yoga, écrivain et antropologue / www.vidadeyoga.com.br
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